Voici le mois de Juin et avec lui la meilleure saison (dans l’hémisphère nord en tout cas) pour voir et donc par conséquent faire de belles photos de, notre galaxie, la voie lactée.
Ce genre de sortie photo se prépare bien évidement comme toutes sortie photo nature, avec en plus quelques spécificités.
Voila les éléments a retenir pour réussir a faire ce genre de photos.
1- Le bon endroit
Tout d’abord le choix du lieu est primordial. Le principal problème pour ce genre de prise de vue étant la pollution lumineuse durant la nuit, vous pouvez oublier prendre des photos depuis votre balcon a Paris, Genève, Bruxelles, Montréal ou Tel Aviv… En fait même depuis un petit village doté d’éclairage urbain, il est très dur de réussir de bonne photos de ciel étoilé.
Des qu’on est dans ou aux environs d’une ville disposant d’un éclairage public nocturne celui ci noiera une grande partie des étoiles sur les photos dans un magma orangé. En fait il faut vraiment être loin de l’activité humaine pour profiter de bonnes conditions pour photographier les étoiles. Trop proche, il est possible de saisir les étoiles les plus brillantes, mais très difficilement un beau ciel constellé de millier d’étoiles et encore moins la voie lactée.
Certains y arrivent cependant, mais au prix d’un lourd post traitement.

Pour choisir un endroit sans trop de pollution lumineuse je me sert des cartes disponibles sur le site www.lightpollutionmap.info. Avec il est aisément possible de déterminer assez précisément les zones les plus propices aux prises de vues de ciel nocturne.

Prenez en compte qu’une ville, même éloigné de plusieurs kilomètres et qui ne provoque pas de pollution lumineuse a proprement parler risque fort de dessiner a l’horizon une tache lumineuse colorée la plupart du temps en jaune orange.
Autre avantage, ces lieux loin des villes sont aussi ceux en général avec le moins de pollution atmosphérique et donc qui vous offriront les meilleures conditions pour voir les étoiles.
Mais choisir la zone n’est pas suffisant, pour rendre les photos intéressantes, il faut aussi trouver un premier plan intéressant: Rochers d’une forme spécifique, arbres, bâtiments abandonnés… n’importe quoi qui vous plaise et qui empêche de seulement avoir sur la photo, un fond noir avec plein de petit point blanc. A mon sens ce sont ces éléments « terrestres » qui vont donner tout son sens a la photo et qui vont faire que cette photo va raconter une histoire.
N’hésitez pas non plus a agrémenter vos photos par exemple avec un peu de light painting, ou a éclairer certains éléments du décors avec une lampe pour les rendre plus visible sur la photo. Vous pouvez aussi composer votre photo en y intégrant des personnes, une voiture, une tente éclairée de l’intérieur…
Je suis toujours a la recherche de ce genre d’endroit, qu’il faut bien évidemment avoir repéré a l’avance, dans le noir complet difficile de retrouver quoi que ce soit…
2- Le bon moment
Après avoir déterminé le bon endroit, il faut bien évidemment s’y rendre au bon moment.
Tout d’abord il convient de choisir une nuit claire, sans nuage. Sauf bien évidement si vous souhaitez photographier un ciel nuageux nocturne pour donner une certaine ambiance… mais peu de chance qu’il y ai aussi les étoiles ou la voie lactée.
Deuxièmement il vaut mieux faire ces photos durant une nuit sans lune. Une lune trop présente, même sans forcement être pleine d’ailleurs génère elle aussi une forte pollution lumineuse. La aussi je me sert d’un site internet pour déterminer le bon moment, celui ou la lune ne me gênera pas : www.timeanddate.com. Ce site est en anglais, mais il suffit d’indiquer sa ville (ou la plus proche) pour avoir les horaire de lever et de coucher de la lune, ses phases, et énormément d’autre information (lever ou coucher du soleil, éclipses…)

Vous n’êtes pas forcement de sortir uniquement durant la nouvelle lune (nuit sans lune apparente dans le ciel), vous pouvez aussi avoir de bonnes conditions 3 ou 4 jours avant et après celle-ci, mais il faudra alors prendre en compte la position de la lune et/ou les horaires de levers et de coucher.
Pour choisir le bon moment, surtout pour avoir une position de la voie lactée visible dans le ciel, tout en tenant compte de la rotation des étoiles dans le ciel, j’utilise le logiciel libre et gratuit stellarium. La aussi il faut indiquer sa position, pour avoir une vue en temps réel de la positions des différents constellations dans le ciel. On peut aussi visualiser la voie lactée. Plus intéressant que la vue en temps réel, on peu aussi visualiser la carte du ciel pour une date et une heure future de manier a planifier au mieux ses sorties.

A noter que Stellarium existe aussi en version pour smartphone, mais qui est payante.
Pour les téléphones Androids, il existe cependant une application particulièrement efficace puisque proposant aussi une vue en réalité augmentée (vous pointez votre téléphone dans une direction et vous voyez apparaître sur votre écran la position des étoiles dans le ciel) : Carte du Ciel (Star Chart en anglais), qui a en plus le bon gout d’etre gratuite dans sa version de base.

Quoi qu’il arrive, la partie la plus brillante de la voie lactée (et donc la plus photogénique) n’est visible dans l’hémisphère Nord que de Mai a Octobre seulement… oubliez donc ce type de photo en hiver !
3- Les bons réglages
Concernant les réglages a adopter pour l’appareil photo, c’est assez simple. Comme les étoiles sont peu lumineuses et qu’elles sont très loin, et qu’elles bougent assez lentement de notre point de vue, on va pousser l’appareil photo dans ses ultimes retranchement pour quasiment tous ses réglages. Evidemment pour avoir une plus grande maîtrise de chaque paramètre on se privilégiera le mode Manuel :
Le premier de ces paramètres : l’ouverture. Si on veut saisir la voie lactée dans toute sa splendeur, et avec le plus d’étoiles possible, on va toujours utiliser la plus grande ouverture possible sur votre objectif. Il est possible de saisir la voie lactée dans de bonne condition a f/3.5, mais a F/2.8 c’est nettement mieux. Plus l’ouverture est grande, plus on pourra saisir la luminosité des étoiles et fixer même de petites étoiles peu brillante et avec elles notre galaxie.
Concernant le temps d’exposition (ou la vitesse d’obturation), ce genre de prise de vue exige des poses longues. Vraiment longue. Combien ? la aussi le plus longtemps possible, en prenant quand même en compte que les étoiles bougent… Lentement, mais elles bougent. Et quand on veut prendre des photos de ciels étoilés, en général on veut des étoiles nette, donc sans voir leur mouvement (bien sur dans le cas de photos « circumpolaire » ou on voit justement le filé des étoiles ceci ne s’applique pas). Ce temps maximum dépend de la focale (donc de l’objectif) choisie.
Pour le connaître il faut faire de calcul suivant :
Si vous avez un plein format : T=600/focale
Si vous avez un capteur APS-C Canon : T=375/focale
Si vous avez un capteur APS-C Nikon : T=400/focale
Donc par exemple, avec un Canon 80D et l’objectif du kit 18-135mm utilisé a 18mm, on obtient un temps de pose maximum théorique de 21s.
Si ce même appareil est cette fois équipé d’un ultra grand angle 11-16mm utilisé a 11mm, on peut augmenter sans soucis le temps de pose jusqu’à 34s !
Evidemment plus le temps est long plus on verra la voie lactée et les étoiles avec plus de luminosité.
Concernant la sensibilité ISO de votre capteur, la aussi il faut monter assez haut. Malheureusement, qui dit haut ISO + pose longue + photo sombre dit bruit numérique souvent disgracieux sur les images. Il faudra ainsi faire quelques essais pour trouver la sensibilité maximum acceptable pour vous et votre appareil. 800ISO sont en général un minimum, mais n’hésitez pas a aller au delà, les capteurs les plus récents permettent de prendre des photos propres même a 3200 ou 6400ISO. Bien sur, gardez en tete que les logiciels de post traitement permettent de réduire ce bruit dans une certaine mesure.

Quant a la mise au point, il vaut mieux la faire manuellement. En effet, il est très peu probable que l’autofocus arrive a trouver quoi que ce soit avec si peu de lumières. Il convient de faire la mise au point a l’hyperfocale ou si rien n’est proche de vous, a l’infini. De toute façon, avec des grand angles (17, 18mm…) et a fortiori avec des Ultra grand angle (11mm, 15mm…) en faisant la mise au point a quelque mètres de vous, l’ensemble de la scène jusqu’à l’infini sera net.
Pour faire la mise au point manuellement, soit vous vous fiez a l’indicateur de distance de mise au point de votre objectif, soit vous placez une source lumineuse a une dizaine de mètre de vous, faite la MAP avec l’autofocus dessus, puis repassez sans rien toucher en focus manuel.
Pour connaitre précisément la distance hyperfocale, vous pouvez utiliser différents sites internet ou a applications, par exemple DOF Calculator :
Pour la Balance des blancs, la encore il vaut mieux en général le faire manuellement. La plupart du temps la position « lumiere du jour » donne de bon résultats, mais en fonctions des conditions d’éclairage environnante, l’appareil donne parfois une teinte orangée au ciel. Pensez a corriger ceci, pour avoir des la prise de vue des teinte qui vous plaisent plus.
Dernière recommandation, shooter en RAW ou RAW+JPG. Ces photos gagneront toujours a être post traitée et les fichier RAW offrent plus de possibilité et de souplesse de ce cote la. Par contre, surtout au début, les fichiers jpg peuvent être une alternative intéressante pour qui ne souhaite pas passer trop de temps devant un logiciel (surtout pour ce qui est de la gestion du bruit numérique). Faites des essais les premières fois, si vous obtenez de meilleures résultats finaux en partant des fichiers RAW, alors foncez. Mais si les jpg sont plus satisfaisant, alors pourquoi s’en priver ? Par contre, ceux ci sont quand même moins souples en post traitement, d’ou l’intérêt d’avoir une balance des blancs déjà acceptable a la prise de vue.
4- Le bon matériel
Ce genre de photo demande évidement un peu de matériel, mais rien d’extraordinaire :
Tout d’abord un appareil photo, permettant les réglages manuels et avec le capteur le plus grand possible, APS-C c’est très bien, plein format c’est évidemment mieux (meilleure gestion des hauts ISO notamment).
Ensuite, il faut aussi un trépied. Les poses étant de plusieurs seconde, impossible de tenir l’appareil a la main… Peut être en posant l’appareil sur un « bean bag », mais ce n’est vraiment pas pratique. Idéalement le trépied devra être le plus stable possible, pour ne pas trembler, surtout s’il y a du vent. N’hésitez pas a l’alourdir en suspendant par exemple votre sac au crochet de lestage, si votre trépied en dispose.
Puisque le temps d’exposition doit être le plus long possible et que celui ci dépend directement de la focale utilisée, on privilégiera les objectifs a grand angle. 18mm sur un capteur APS-C est un bon début et permet de faire déjà des photos sympas. Il faudra utiliser la plus grande ouverture pour faire rentrer le plus possible de lumière. Plusieurs objectifs peuvent être intéressant sans pour autant se ruiner. J’utilise pour ma part un objectif Tokina Ultra grand angle (11-16mm) qui ouvre a F/2.8, c’est un objectif particulièrement adapté pour ce genre de photos.
Dernier accessoire qui va faciliter les prises de vues, une télécommande. On en trouve des petites simples et filaire pour quelques euros. Ça permet de faire plusieurs cliches sans risquer de bouger l’appareil, tout en variant les temps de poses pour faire des tests. Ca permet aussi de faire des prises de vue de plus de 30s en mode « bulb » sans être obligé de laisser son doigt sur le déclencheur.

5- Les trucs en plus
Quand on a tout bon, voila quelques autres petits conseils pour que cette séances photos soit la plus agréable possible :
En général ces séances sont longues, le temps d’avoir l’alignement désiré, de trouver la bonne composition, d’avoir la voie lactée dans la bonne positions, etc… d’autant plus que chaque photos prend plusieurs dizaine de seconde. Il ne faut vraiment pas être pressé, prendre son temps pour prendre de bonnes photos. Comme ça dure longtemps, évidement c‘est plus agréable si vous êtes accompagné. Photographe ou pas, de toute façon passer une soirée dans la nature sous un beau ciel étoilé, c’est un beau spectacle.
Penser a bien se couvrir, même en été, même dans le Neguev, les nuit en rase campagne ou dans le désert sont souvent fraîches. Un petit pull en plus dans le sac, voir une couverture vous permettra de passer un moment plus confortable.
Prendre a manger et a boire, pourquoi pas un thermos de boisson chaude.
Bannissez toute lumière vive, laisser vos yeux s’habituer a l’absence de lumière, recouvrez vos lampe de poches indispensables d’un plastique rouge transparent par exemple, vous profiterez mieux du spectacle
Voila, vous êtes prêts a sortir, vous savez tout ! Notez les dates de prochaines nouvelles lunes pour cet été 2016 ou vous pourrez profiter de bonnes conditions pour photographier la voie lactée : 5 juin, 4 juillet, 2 août et 1er septembre.
N’hésitez pas bien sur a me contacter pour organiser une sortie photo guidée dans le désert avec moi !
Très bon article Ary !
Je n’ai jamais essayer ce genre de photo, mais au vu des résultats obtenue, cela me donne envie d’essayer, faut juste trouver le bonne endroit pour le faire 😉
Tu as raison, une fois que tu as le bon endroit, c’est que du plaisir. Fonce !